Gilles Zenou

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Gilles Zenou, résidait en France et son oeuvre fut tragiquement interrompue par une mort précoce : Les nuits (récit), Le livre des dupes, Contes d’Orient et d’ailleurs, Le livre intérieur (poèmes), Du désert à la parole (essai), Job, Introduction à une philosophie du tragique et Les trois morts de Bibi louya (récit).

Je ne sais rien de ma mère.
Elle buvait l’eau des puits et se donnait aux marins des ports.
Son nom, je l’ai oublié. Elle mendiait le long des routes.
J’ai erré aux confins des cités immobiles.
Et j’ai dormi dans les ”les flottantes, j’ai rencontré les cygnes.
Je suis allé à Rabat. […]
Et j’ai connu d’autres déserts, d’autres empires. A la sortie des synagogues, je tendais la main.
Je suis arrivé au royaume de Sion. […] La ville avait ouvert ses portes.
Et je marchais près des rivières boueuses, des rues circulaires et des remparts allumés par les torches.
[…] Et je marchais sous les eaux fugitives.
Je suis entré à Paris.
La dame à la licorne m’habilla pendant mon sommeil. […] Un jour, elle me caressa le visage.
« Je suis ta mère », avoua-t-elle. […]
La dame fit apparaître un tapis volant.[…]
Et ma mère s’avança parmi les vasques, les colombes, les peuples de nuage.
Elle s’avança en me portant dans ses bras.
Depuis ce jour, dans la carte mobile du ciel, on nous confond avec les constellations.

Le livre des dupes. Paris, l’Harmattan, 1989,p.163-165.

Gilles Zenou, a aussi écrit des recueils de poèmes, marqués par le rejet du mythologisme et du symbolisme.

« Seigneur, donne-moi la paix,
Tu suscites des questions mais ma faim
n’est jamais assouvie.
Tu te tais pour que je Te cherche et T’implore
Viens maintenant soulever la nuit
Pour que je naisse de nouveau
Poète serein qui a brêlé tous ses mots
pour contempler son visage intérieur
et devenir le livre ouvert de ses lointaines
pérégrinations… »